Evaluer le risque de coccidiose sur son élevage pour mieux s’en protéger
Un jeune veau fait face à de nombreux défis tels que les changements d’alimentation, les allotements ou encore l’écornage. De plus, son immunité est encore en construction. Ce contexte favorise l’émergence de maladies dont font partie les infections parasitaires telles que la coccidiose[1].
La coccidiose peut être contrôlée grâce à une démarche préventive
Des mesures préventives peuvent limiter voire éviter les conséquences irréversibles de la coccidiose[2]. Une lutte efficace contre la coccidiose doit intégrer l’amélioration de l’immunité des veaux et la réduction de la pression parasitaire dans l’environnement. Cela commence par une gestion optimale du colostrum, la maîtrise des autres maladies et la diminution des stress. Une bonne hygiène, un logement adapté et des traitements préventifs sont les piliers de la gestion de la coccidiose.
Evaluer le logement
Le confort de couchage[3,4] est à vérifier. Les cases humides et souillées augmentent le risque d’infection par la coccidiose. La paille doit être sèche, propre et généreuse (les pattes du veau doivent être cachées dans la paille).
La surface nécessaire[5,6] aux veaux doit également être contrôlée.Elle doit permettre aux veaux de s’allonger, d’étirer leurs membres et de se lever sans aucune difficulté. Une densité trop élevée entraînera plus de stress, une contamination des litières importante et un risque d’infection plus élevé.
La variété des classes d’âge en cases collectives[5,6] doit être limitée. En effet, une grande différence d’âge au sein du lot augmente le risque d’infections en raison des différents stades de développement du système immunitaire.
L’accès à l’auge doit être facile.Les veaux pourront ainsi ingérer suffisamment d’aliments. Une bonne prise alimentaire assure une bonne croissance et moins de stress. Compter 35cm par veau à l’auge.
L’hygrométrie dans le bâtiment[7] ne doit pas dépasser 70%. Au-delà, les oocystes survivent dans l’environnement.
Evaluer l’alimentation
L’administration de colostrum[5,8] en bonne quantité, de bonne qualité et avec rapidité, est cruciale. Le colostrum confère une immunité passive de la vache au veau nouveau-né via l’absorption intestinale d’anticorps. L’absorption est maximale dans les premières heures de la vie et commence à diminuer progressivement après 4 à 6 heures, et cesse après 24 heures après la naissance. Les veaux doivent recevoir au moins 4 litres de colostrum de bonne qualité dans les 2 heures suivant la naissance et au moins 6 litres dans les 24 heures suivant la naissance. Le colostrum contient aussi des nutriments en concentration élevée (vitamines, oligo-éléments et facteurs de croissance).
Le lait ou la poudre de lait doivent être à bonne température.Une température insuffisante lors de la reconstitution et de la distribution entraîne un stress, une mauvaise digestion et réduit la prise alimentaire, altérant ainsi la fonction immunitaire.
L’accès à l’eau propre doit être illimité.L’eau augmente la prise alimentaire et améliore les fermentations du rumen. Par ailleurs, l’eau bue par les veaux doit être contrôlée (bactériologie, par exemple) une fois par an.
Evaluer la gestion des lots
La marche en avant[7] est la gestion par lots entiers, sans introduction ni sortie d’animaux. Cette démarche réduit la transmission de maladies par des animaux plus âgés. Par ailleurs, elle rend possible le vide sanitaire qui améliore l’hygiène. Enfin, la démarche uniformise l’alimentation des groupes plus homogènes.
Sevrer progressivement, au bon moment et avec une complémentation suffisante[9]. Le risque de stress est réduit lorsque le sevrage est réalisé à partir de 2 mois d’âge ou lorsque le poids du veau est suffisant (2x le poids de naissance en laitier). Au sevrage, la quantité consommée par le veau doit également être située au-dessus de 2,5 kg de concentrés par jour. Ces 2 conditions au sevrage conduisent à des veaux en meilleure santé et plus vifs. Par ailleurs, le sevrage doit être progressif[10] et basé sur la capacité du veau à manger des aliments solides. Il est conduit sur 2 semaines en laitier, pour limiter le stress de la transition. Enfin, il est conseillé de patienter au moins une semaine après le sevrage[10] avant de déplacer les veaux. En effet, les veaux doivent d’abord s’habituer au nouveau régime alimentaire (absence de lait) avant de changer de case, pour éviter de cumuler les stress.
L’écornage doit inclure des analgésiques de longue durée[11]. Les veaux écornés avec une combinaison d’anesthésique local et d’analgésique de type AINS (médicament anti-inflammatoire non stéroïdien) sont préservés du stress, favorisant ainsi le maintien de la consommation alimentaire et diminuant le risque de maladies.
Le statut du troupeau pour les maladies infectieuses telles que BVD & Salmonella doit être vérifié. En effet, les maladies concomitantes altèrent la résistance du veau à la coccidiose. De même, l’historique des infections des veaux à rotavirus, coronavirus et E.coli ou cryptosporidium des six derniers mois[3] doit être répertorié. Les antécédents de diarrhée sur les jeunes veaux peuvent augmenter le risque de coccidiose. Enfin, les antécédents de coccidiose sur les six derniers mois[3] doivent être connus. La présence d’Eimeria pathogènes dans les fèces confirme la présence d’une contamination de l’élevage.
Evaluer l’hygiène
Les cases individuelles doivent être lavées avec un détergent puis désinfectées entre les veaux[3,4,7]. Le nettoyage et la désinfection des cases individuelles réduisent le risque d’infection pour les veaux nouvellement introduits. Le process de nettoyage[12] est important pour éliminer toute la matière organique. Après le curage régulier qui réduit la pression d’infection, il est recommandé d’utiliser un détergent avant le nettoyage au nettoyeur haute pression.
Le nettoyage avec un appareil haute pression doit se faire à l’extérieur en l’absence d’autres veaux (risque de dispersion par projection). Par la suite, les cases doivent sécher entre deux lots[13]. En effet, les UV et l’assèchement des cases (parois et sol) favorisent l’élimination des œufs de coccidies, peu résistants à la dessication. Procéder ensuite à la désinfection à l’aide de désinfectants dont l’efficacité est prouvée contre les oocystes[4] car ces œufs sont résistants à la plupart des désinfectants ! Ces précautions d’hygiène sont valables aussi pour les cases collectives, entre chaque lot.
Les seaux des veaux, servant à la distribution du lait, doivent être nettoyés tous les jours[12]. Le contact des matières fécales avec les seaux de lait provoque l’ingestion des oocystes par les veaux. Et de manière plus générale, toute contamination par les matières fécales (des aliments ou de l’eau par exemple) a pour conséquence l’ingestion d’un grand nombre d’oocystes excrétés par les veaux.
Bibliographie
[1] Chase et al., Vet.Clin. North Am. Food Anim. Pract., 2008.
[2] Taylor et al., Applied Parasitology, 1994.
[3] Daugschies et al., Journal of Veterinary Medicines, 2005.
[4] Bangoura et al., Parasitology Research, 2012.
[5] Taylor et al., Applied Parasitology, 1994.
[6] Sutherland et al., Journal of Dairy Science,2014.
[7] Lassen et al., Parasitology Research, 2009.
[8] Fiege et al., Parasitology Research, 1992.
[9] Eckert at al. Journal of Dairy Science, 2015.
[10] Vasseur et al., Journal of Dairy Science, 2009.
[11] Guatteo et al., Animal, 2006.
[12] Fotheringham et al., International Office of Epizootics, 1995.
[13] Belli et al., Trends in Parasitology, 2006.
GP- FR-VCN-211100001
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