Gestion d’un épisode de pathologies respiratoires au GAEC CRANSAC
Propos recueillis par Vincent Viard
Damien, pouvez-vous nous décrire votre élevage ?
“C’est une exploitation familiale de 3 associés en polyculture élevage en blonde d’Aquitaine située dans le Tarn, au milieu du vignoble gaillacois.
Nous sommes naisseur-engraisseur, notre cheptel est constitué de 150 mères, nous finissons toutes les femelles, quant aux plus jeunes elles partent grasses à l’âge de 15 mois.
Les vêlages sont étalés tout au long de l’année, on pratique essentiellement de la saillie naturelle. Nous gardons tous les ans un renouvellement de 30 génisses. Une partie des mâles est vendue en broutard pour l’Italie, et l’autre en reproducteur (environ 15%). Nous sommes adhérents à l’Organisme de Sélection Blonde d’Aquitaine.
Concernant les infrastructures, nous avons 3 bâtiments pour les naisseurs. Pour la partie engraissement nous avons 1 bâtiment et un second est en construction (au total nous aurons 150 places).
Nous avons 180 Ha, tout est auto-consommé, 110 Ha d’herbe et le reste en céréales (orge blé), nous achetons le maïs grain et le complément azoté.”
Pouvez-vous nous expliquer votre problématique ?
Depuis ces 10 dernières années notre troupeau est en évolution, nous avons doublé l’effectif. Nous achetons de la variabilité génétique, le brassage important d’animaux a entraîné l’apparition de pathologies respiratoires de façon progressive.
Nous ne sommes pas impactés par les pathologies digestives, nous vaccinons depuis de nombreuses années. Pour en revenir au respiratoire nous vaccinions depuis 3 ans mais partiellement. Sur le mois de décembre 2019 nous avons eu un gros épisode respiratoire avec 33 veaux malades et 12 morts, animaux ayant entre 1 et 2 mois.
J’ai donc contacté mon vétérinaire Vincent Viard pour essayer « d’éteindre » le feu, 2 veaux sont partis à l’école véto de Toulouse, des analyses ont été réalisées (autopsie, histologie, PCR…). Des pasteurelles ont été trouvées et principalement Manahemia hemolytica.
Quant aux malades, mon vétérinaire m’a prescrit un protocole de soin spécifique (antibiotiques, anti inflammatoires…). Dans la continuité, Vincent Viard m’a proposé de faire une visite d’élevage avec la participation de Vincent Villas du laboratoire MSD Santé Animale.
Cette visite a eu lieu le 10 janvier 2020. L’objectif étant d’identifier les différents facteurs de risques : le bâtiment, la conduite, les protocoles de vaccination.”
Suite à cette visite d’élevage, qu’avez-vous fait ?
“Pour le bâtiment nous n’avons pu faire que partiellement les modifications proposées.
Quant à la conduite il a été convenu, dans un second temps, de faire des contrôles réguliers sur l’immunité de mes veaux (analyses de colostrum et transfert d’immunité) en plus des analyses de fourrages déjà effectuées. Et pour le protocole de vaccination, afin d’assurer une protection maximale de notre troupeau, nous avons conjointement fait le choix de le modifier.
La première réflexion a été de généraliser la vaccination sur tous les veaux, avec un vaccin par voie intranasale suivi d’un injectable.
En raison des mouvements réguliers d’animaux au sein de notre élevage, j’ai demandé l’avis à mon vétérinaire sur l’intérêt de la vaccination des mères pour garantir une protection maximale. L’objectif étant de baisser la pression d’infection.
Après validation du Dr Viard nous avons donc fait le choix de mettre en place une vaccination de population : couple mère-veau. En vaccinant toutes les bêtes au même moment, nous avons pu en plus bénéficier de la baisse de pression d’infection et de l’enrichissement colostral pour les futurs veaux naissants.
Dans un second temps les rappels annuels sur les mères seront effectués en fonction des dates de mises-bas, toujours dans le but de bénéficier de l’enrichissement colostral. Ainsi nous avons mis en place une stratégie, sur du court, moyen et long terme.”
Suite à ces modifications, au bout d’un an quels résultats avez-vous obtenus ?
“Nous n’avons pas eu de problèmes respiratoires : 0 mort et 5 veaux légèrement malades. Notre charge de travail a été largement diminuée (divisée par deux) et les charges financières bien plus faibles.
En effet, je n’ai pas eu de pertes dans mon cheptel et j’ai divisé par deux ma consommation d’antibiotiques. L’investissement dans la vaccination a été très rentable. Sans compter l’absence de stress, tous les matins, de voir des morts…
Gérer un épisode respiratoire comme nous l’avons vécu fin 2019 : c’est l’enfer ! La mise en place de ces actions a été beaucoup plus facile que ce que je pensais avec un confort de travail. Nous avons décidé de continuer cette stratégie pour le bien être de nous tous !”
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